Thursday, July 07, 2005

Chirac la Honte

Naïf, je me demandais encore si Jacques Chirac avait consciemment préféré sa fin de carrière à l'avenir de l'Europe. En effet, il était clair qu'il avait, à la mi-mai, le pouvoir de faire passer la constitution européenne. On attendait si clairement un vote de censure des errements et des lenteurs du gouvernement, incapable à la fois d'honorer ses engagements et de remplir les promesses électoralistes démagogiques et contradictoires du Président, qu'il lui était facile de dissocier les deux sujets. Il suffisait qu'il dissolve le Parlement ou qu'il s'engage, d'une autre façon crédible, à remettre son mandat en jeu au lendemain du vote sur la constitution. Il n'en avait, en aucune façon, l'obligation. Son pouvoir reste constitutionnellement légitime, mais il eût pu montrer une honnêteté intellectuelle qui l'eût honoré.
Aujourd'hui, au vu de sa conduite inqualifiable au sommet budgétaire européen de Bruxelles, nous avons la réponse: il est tellement accroché au pouvoir et à sa propre vanité qu'il semble en avoir perdu le sens commun. Pas de morale, pas de compétence, pas de classe. Si ce n'était le respect dû à la fonction, on pourrait dire: malhonnête, bête et vulgairement populiste. Son discours de Bruxelles, ce samedi 18 juin, est une scandaleuse imbécillité. Vu d'ici, cinq mille kilomètres au sud de Paris, le nez un peu décollé des gueules de bois franco-françaises, il est évident que le raisonnement de Monsieur Blair est profondément cohérent. Et tellement clair aussi que Chirac ne s'accroche à la Politique Agricole Commune (PAC) que pour soigner son image en France! Il espère faire remonter ses sondages? Quelle honte! C'est tellement grossier que le pire devient crédible: on finirait par se demander s'il n'a pas saboté la constitution par hargne pour Giscard!
Non, Jacques Chirac, les propositions de Tony Blair ne marquent aucune intransigeance et ce n'est pas une question d'argent ("de chèque" avez-vous osé dire avec un vrai mauvais goût). Au contraire, il a osé, lui, dire la vérité et il a montré qu'il a, lui, une vision d'avenir pour l'Europe: recherche, infrastructures, modernisme. Dire (enfin!) que l'avenir de l'Europe, notre avenir, n'est pas dans l'agriculture, c'est simplement une évidence. Par justice pour eux, laissez l'agriculture aux pays du tiers-monde! Auriez-vous des amis dans la mafia des gros producteurs agricoles? Ce sont eux les réels profiteurs de cette PAC, cette exception qui aurait dû ne durer que quinze ou vingt ans pour permettre aux agricultures européennes de s'adapter à un monde changeant. Et pourquoi est-ce l'agriculture française qui est la seule à n'avoir pas réussi sa réforme?

Bonne retraite Jacques Chirac, mais vite! Et, par pitié, amis français, choisissez un politicien convaincu et sincère, pas un arriviste de plus!